Centre Minier de Valle Imperina

Valle Imperina, Forni fusori interni
(foto di: Enrico Vettorazzo)

Situation: Valle Imperina – Commune de Rivamonte Agordino (Bl).

Accès: situé à environ 3 km d’Agordo, on y accède par la route nationale N. 203 Agordina. Il y a un parking à côté du centre minier (loc. Le Campe) et l’on poursuit à pied (pont piétonnier sur le Torrent Cordevole).

Contexte environnemental – Description du site:
l’ancien Centre minier fait administrativement partie de la Commune de Rivamonte Agordino et s’inscrit à l’intérieur du périmètre du Parc auquel il sert de limite nord. Il s’étend sur environ 1 km sur le tronçon final de la Valle Imperina (543 m au-dessus du niveau de la mer), où celle-ci relie perpendiculairement la Val Cordevole. La Vallée, caractérisée par des versants boisés abrupts, est orientée sud-ouest / nord-est et inclus le cours entier du torrent homonyme. Les forêts sont de formation récente, les nombreuses images historiques de la vallée montrent en effet des versants entièrement dépouillés. Cela est dû à des formes de pollution environnementale importantes, provoquées par l’industrie qui s’y est développée (tout d’abord par le dioxyde de soufre dégagé par le procédé métallurgique de la «vitriolisation» et la production d’acide sulfurique) ainsi que par les besoins d’approvisionnement en combustible (charbon de bois) pour les procédés de torréfaction et fusion du minerai.

Époque de construction:
les premieers documents qui attestent de son existence remontent aux début du XVe siècle. Exploitation minière: son début hypothétique est d’époque romaine, des bâtiments remontant à la période pré-industrielle et industrielle.

Caractéristiques architecturales:
architecture minière pré-industrielle et industrielle. Très grand intérêt historique.


Typologie architecturale (Description des bâtiments).
Les bâtiments se situent le long de l’ancienne route communale des Miniere qui sont sur la droite en aval du Torrent Cordevole et forment un ensemble plus fourni en arrivant sur le tronçon terminal du cours du Torrent Imperina, où la petite vallée s’ouvre et la morphologie du versant droit se fait moins âpre (pendant une période, tout l’espace disponible de ce petit fond de vallée était occupé par les constructions). D’autes bâtiments sont visibles en remontant la Valle Imperina.


Les origines – Conditions/usages actuels
Du début du XVe siècle jusqu’en 1962, il était destiné à l’extraction et l’exploitation des minerais d’argent et de cuivre. Il n’est plus utilisé aujourd’hui et en mauvais état de conservation. Il reste encore les ruines de 16 bâtiments (les magasins principaux, les fours de fusion, la centrale électrique, les étables, le dépôt de charbon, la poudrière, la maison du directeur, la forge du maréchal-ferrant, l’installation de lavage-broyage et travail du minerai, ainsi qu’une suite d’habitations et de bureaux). 3 entrées souterraines, 2 ouvertures de galeries d’écoulement des eaux. Un ambitieux et complexe projet de restauration des principales structures bâties est en cours depuis plusieurs années. Il vise à proposer des parcours pour donner au village un rôle muséal et accueillir des touristes. L’énorme complexe des fours de fusion (dont l’installation d’origine remonte au XVIe siècle), le bâtiment des anciens magasins principaux (environ 1730, il est utilisé depuis 1970 comme dortoir et lieu de rencontre pour des réunions et des cérémonies religieuses) qui est devenu une Auberge, ainsi que l’ancienne centrale hydroélectrique située à l’extrême sud du village et qui accueille un Centre de Visites du Parc National, ont déjà été rénovés. Le sentier qui part des mines et remonte la vallée pour rejoindre Forcella Franche, celui-là même qui était emprunté au quotidien par les mineurs, a également été restauré.


Remarques:
L’exploitation minière (extraction et travail des minerais d’argent et de cuivre) remonte, du moins on peut le supposer, à l’époque romaine et se développa lors de la période pré-industrielle et industrielle. Elle fut une des plus importantes productions de la région, tant par sa quantité que pour sa durée d’exploitation. Dès le début du XVe siècle et jusqu’en 1962, les activités se sont développées et se sont poursuivies sans interruption. Durant la période de la République de Venise, la Valle Imperina était le principal centre national d’extraction du cuivre, couvrant à la fin du XVIIIe siècle 50 % des besoins de la Sérénissime. À cette époque, quelque 1 300 personnes étaient employées par ce centre minier et métallurgique. À l’origine, la propriété du gisement était partagée entre différentes familles, et chacune d’entre elles gérait ses propres travaux. Par la suite, à cause de difficultés familiales, la Sérénissime République de Venise s’y ajouta. À partir de la seconde moitié du XVIIe siècle, celle-ci acheta au fur et à mesure tous les droits et tous les bâtiments privés. Par la suite, le sort de l’entreprise suivit celui de la politique du territoire, passant d’abord sous la férule de l’Empire de Napoléon, puis de l’Empire d’Autriche, ensuite le Royaume d’Italie, qui la cèda de nouveau à des sociétés privées. Le complexe des mines sera par la suite cédé par Montecatini à la Commune de Rivamonte Agordino en 1989. L’entrée dans les sous-sols est aujourd’hui interdite et on  a posé des dalles de ciment, pour des raisons de sécurité, lors de la fermeture des installations en 1962 aux entrées des galeries et à celle du puits principal (remontant à 1700). Les traces des activités passées sont encore lisibles tant à l’intérieur de la mine où sont conservés de nombreux exemples d’architecture minière pré-industrielle et industrielle, qu’à l’extérieur, sur tout le territoire où par exemple, on peut encore observer le tracé de la ligne ferroviaire Bribano-Agordo, construite en 1922-25 et désaffectée en 1956, dont les triages et les petites gares (désormais des résidences) le long de la Val Cordevole ont été conservés.


Bibliographie

Salton W. – Pollazzon A. – Slompo G. (a cura di) – Il centro minerario di Valle Imperina e il suo recupero, Giunta Regionale del Veneto, 1995.
Spagna F. – Minatori in Val Imperina. Storia e antropologia di una comunità di montagna, Museo Etnografico della Provincia di Belluna – Quaderno n.15, Tip. Piave, Belluno 1998.
Vergani R. – Valle Imperina – Otto secoli di attività mineraria e metallurgica, in “Rivista Bellunese” n°, 1975.


Empreinte historique
La découverte de gisements métallifères dans la Valle Imperina est ancienne, mais on ne peut malheureusement pas encore la dater précisément. Giorgio Piloni (1607) mentionne les richesses minérales d’Agordo en ce qui concerne le XIIe siècle, époque à laquelle en effet, furent découverts de nombreux gisements de fer, cuivre, plomb, zinc et argent dans les vallées Agordino, Zoldano et Cadore.
La première mention écrite concernant la présence d’une activité d’extraction dans la Valle Imperina remonte à 1417, année où une certaine quantité de cuivre fut livrée à Padoue pour y être travaillée. La pyrite cuprifère dont ce métal était tiré fut extraite d’un énorme bloc affleurant. À la même période, l’exploitation de filons de galène argentifère avait été lancée. À l’époque de la domination de la République vénitienne, le cuivre devint un métal d’importance stratégique. Il servait aussi bien à l’Hôtel des Monnaies, pour frapper monnaie, qu’à l’Arsenal pour faire du bronze à canons.

L’ancienne exploitation métallurgique extrayait le cuivre en utilisant un processus à sec: la pyrite cuprifère subissait un premier tamisage manuel. Le minerai le plus riche était directement envoyé aux fours pour une première fusion, tandis que le reste, mélangé à du bois, était soumis à un grillage à feu doux dans des creusets couverts de toitures («roste»), pendant une durée variant de 4 à 10 mois. La croûte extérieure oxydée (scories) était ensuite séparée du minerai torréfié du noyau intérieur (matte). Les scories étaient traitées à l’eau chaude et l’on obtenait le vitriol (sulfate de fer) utilisé dans l’industie de la teinture, tandis que les mattes et le minerai riche donnaient le cuivre, à travers une suite de fusions puis de torréfactions. Une innovation dans l’enrichissement du minerai fut introduite en 1690, par l’ajout d’un procédé par voie humide (cimentation), qui permettait d’obtenir du cuivre même des scories, traitées comme des déchets de fer («ferrazza»).

Il était fondamental de pouvoir disposer de grandes quantités de bois, qui servait à soutenir les galeries et à alimenter les creusets et les fours de fusion. Par le biais de toute une série de réglements, la République de Venise voulut assurer aux mines l’obtention de bois et de charbon des forêts environnantes: à partir de 1548, l’exploitation des forêts existantes dans un rayon de 10 milles fut réservée aux mines, et des fours et des mines situées en zones limitrophes dont l’activité utlisait le precieux combustible de l’entreprise d’Agordo furent fermées.
À partir de 1488 déjà, Venise établit une loi organique minière qui resta en vigueur, mis à part quelques modifications, jusqu’à la chute de la République. Le sous-sol était toujours considéré domanial, par conséquent les entrepreneurs privés avaient l’obligation de faire une demande pour son exploitation (investiture) et ils avaient l’obligation de verser au Trésor la dixième partie de leur produit.
Dans la Valle Imperina, jusqu’à la moitié du XVIIe siècle, les mines étaient exclusivement exploitées par des entrepreneurs privés, parmi lesquels il faut rappeler certains membres de la famille Crotta qui au XVIIe, dynamisèrent fortement les activités minières, notamment par l’introduction de l’usage de la poudre à canon en matière d’extraction. Sur la place d’Agordo s’élève la villa achetée et agrandie par la famille Crotta avec  les bénéfices de l’activité minière et métallurgique.
En 1654, la République de Venise acheta une mine et fonda ainsi les premières bases d’une entreprise d’État, vouée à se développer progressivement. À la fin du XVIIe siècle, l’exploitation «abusive» se développa dans les mines privées. On ouvrait d’énormes cavités dans le sous-sol, sans qu’elles soient suffisamment soutenues. Des éboulements et des inondations s’en suivirent, qui obligèrent certains entrepreneurs à abandonner l’exploitation. Le rachat de ces activités par l’entreprise d’État en a été facilité.
En 1813, l’établisssement minier d’Agordo passa au Trésor autrichien qui compléta les rachats des quelques entrepreneurs privés encore en place entre 1835 et 1845.
Jusqu’au début du XIXe siècle, cette mine était considérée un des plus importantes d’Europe, mais à cette période, les progrès techniques d’enrichissement des minéraux, ainsi que la découverte d’immenses gisements en Amérique du sud provoquèrent la dépréciation du cuivre.
La seconde moitié du siècle fut par conséquent une période de crise et de reconversion et, en 1866, le Royaume d’Italie hérita d’une entreprise d’État en fort déficit, elle fut par conséquent vendue en 1899 à l’entreprise Magni de Vicenza. La pyrite extraite fut utilisée pour produire de l’acide sulfurique et le traitement métallurgique local du minerai fut interrompu.
Après plusieurs changements de propriété, les mines de Valle Imperina furent acquises en 1910 par la société Montecatini qui la démantela en 1962, non parce qu’elle s’était épuisée, mais parce qu’elle avait «un trop faible rendement».
Les mines de Valle Imperina furent donc actives pendant au moins huit siècles et restèrent, pendant environ trois cents ans, le fleuron économique de la région de l’Agordino: en 1609, les mines donnaient du travail à environ 400 hommes: mineurs, grilleurs, et préposés aux fours. En 1801, ils passèrent à environ 600. Outre ces emplois directs, il faut ajouter les emplois indirects, qui concernaient plusieurs centaines de personnes: bûcherons, charbonniers, commerçants en bois, charbon, denrées alimentaires, transport des marchandises, entre autres activités.
Ce n’est que dans la seconde moitié du XIXe siècle que les embauches commencèrent à diminuer, pour pallier aux déficits de l’entreprise.

(G. Poloniato)

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